Odette Dulac

La Houille rouge; les enfants de la violence (extrait).  Paris: Figuière, 1916.

Nous avons juré sur le Progrès universel, et lui seul est le but de notre œuvre; nous sommes les pionniers de la Sublime Race. 

“Oh! blasphéma la faiseuse d’anges, pourquoi mettre des enfants au monde, puisque voilà ce qu’on en fait? ” Mais la noblesse de cette mort de saint-cyrien ripostait victorieusement: “Pour sauver la France!”

Depuis trop longtemps, les faiseuses d’anges, l’amour du luxe, la sottise des modes et maintenant du canon, ont anémié notre Race…. Le Nombre seul peut sauver notre avenir…. J’y ai vu grouiller le Nombre hostile, je l’ai vu défiler au pas de parade, j’ai vu les innombrables cheminées d’usine qui attestent l’industrie de cette foule, et je vous supplie de sauver la France. S’il fallut une pucelle pour délivrer un Roi, il faut des mères pour sauver une République. Les hommes ont donné leur sang; donnons le nôtre. Que soient flétries désormais les tantes ridiculement vierges et les soeurs mystiquement réservées. Plus de mains croisées sur des bustes plats, plus d’égoïstes vertus grassouillettes et gourmandes. Que toutes les femmes enfantent dans la douleur, comme sont morts nos héros dans les tranchées.